« Quelle est votre performance? »
Le sujet de la performance de telle ou telle méthode ou portefeuille revient fréquemment. Le but étant de « surperformer le marché », « battre le marché », etc…
Je vais donc faire un point rapide sur ce sujet.
Tout d’abord, la performance dépend de l’objectif. Mon objectif est clair, et répété à l’envie sur le blog : générer un FLUX de revenus équivalent à un deuxième salaire et à terme permettant l’indépendance financière.
Dans ce cadre, parler de performance revient simplement à se fixer des objectifs dans le temps et à les tenir – ou les dépasser.
Par exemple, votre objectif peut être de générer l’équivalent d’un SMIC dans 5 ans (soit 1466 € brut mensuels en dividende). Vous atteignez cet objectif dans le temps imparti, ou pas.
Mais la performance dépend également des moyens qui vous permette d’atteindre cet objectif. Si vous devez investir 1 M€ pour obtenir 1466€/mois, soit 17592 €/an, donc une rentabilité de 1.75%, on peut douter de vos talents en tant qu’allocateur de votre capital, et donc du bien fondé de votre méthode d’investissement… Obtenir un rendement inférieur à celui du fond Euro d’une assurance vie pour un risque supérieur…
Mais où commence alors la performance?
Si à la place du flux, vous vous focalisez sur le capital, alors vous allez viser une augmentation de ce capital supérieure à celle « du marché ». C’est souvent ce qu’on entend par « performance » du portefeuille.
Ce qui personnellement me pose un triple problème:
1- se focaliser uniquement sur le capital (donc sur les plus-values potentielles) n’a pas de sens pour moi qui souhaite à terme vivre du flux et non de la consommation du capital. Et le risque associé (et le facteur chance) n’est pas « intégré » dans cette définition.
2- qu’est ce que « le marché »? le CAC 40? le S&P 500? un autre indice?
3- si le CAC (ou le S&P 500) fait -5%, je suis content si je fais -4% car j’aurais « battu le marché »? Une performance négative reste négative même si elle est meilleure que « le marché ». Si vous devez en vivre, ou si vous comptez dessus pour réinvestir, cela peut être problématique…
On peut me rétorquer que tous ces arguments ne sont qu’un moyen de botter en touche, et que je ne réponds pas à la question sur la performance de mon portefeuille.
Je vous propose donc les définitions et méthodologie suivantes pour calculer la performance:
- Plutôt que de ne se focaliser que sur les dividendes (le flux) ou sur l’augmentation du capital (les Plus-values), je prends comme indicateur le « Total Return » , c’est-à-dire Dividendes+PV, réinvestis.
- Je vais calculer la rentabilité de mes investissements en comparant les montants que j’ai versés dans le temps issus de mon épargne, augmenté d’un rendement théorique annuel, au montant de mon portefeuille à un instant T.
- Ce montant à un instant T correspond donc aux sommes investies en action (qui proviennent de mes versements réguliers + des dividendes réinvestis + des plus values réinvesties) ET des plus values potentielles.
Je calcule ma performance, ou plus exactement mon rendement annualisé, de la manière suivante:
- Pour chaque année, je suppose que l’ensemble des versements étalés sur l’année ne génère de rendement qu’à la fin de l’année, visible au début de l’année « n+1 » donc.
- L’année actuelle est l’année 0 (pas de rendement), l’année dernière l’année 1, il y a 2 ans l’année 2, etc…
- Je suppose que le rendement annualisé est « r ».
- Pour l’année « n », si j’ai versé au cours de cette année la somme Sn provenant de mon épargne, j’ai donc aujourd’hui le montant Sn x (1+r)^n.
- En effet, l’année n du versement, le rendement est nul, j’ai donc la même somme que celle versée, Sn. L’année d’après j’ai la somme Sn augmenté du rendement de r% de cette somme, donc Sn x (1+r). L’année suivante, j’applique ce même rendement de (1+r) à la somme de début d’année Snx(1+r), donc Sn x (1+r) x (1+r), donc Sn x (1+r)^2. etc… (Effet des intérêts composés).
Au cours des « n » dernières années, avec un rendement annuel de r, le montant total de mon portefeuille est donc:
S0 + S1 x (1+r) + S2 x (1+r)^2 +…. + Sn x (1+r)^n.
Avec S0 les sommes versées cette année, S1 les sommes versées l’année dernière, etc..
En ce qui me concerne, j’ai la trace de tous les virements d’épargne (donc tous les Sn) depuis 2010, soit n=6 ans. Avec ce calcul, pour le montant de mon portefeuille à aujourd’hui, j’obtiens r=11%.
(Je ne résous pas d’équation avec un polynôme de degré 6 pour obtenir ce résultat, je mets simplement la formule dans Excel et je « tâtonne » en jouant sur la valeur de r jusqu’à ce que le résultat me donne la valeur de mon portefeuille à aujourd’hui)
Mon rendement moyen annuel depuis 2010 est donc de 11%.
Est-ce performant?
Je ne connais pas d’indice auquel je pourrai comparer cette performance. Néanmoins, on sait que le rendement d’un placement en action sur une longue période varie entre 7 et 9%.
Même si 6 ans n’est pas encore réellement une « longue période » (pour moi c’est 15 ans minimum), à partir du moment où j’atteins ou je dépasse cette fourchette de 7 à 9%, je suis content! Je « surperforme » le marché 🙂 !
D’autant plus que les risques pris pour atteindre cette performance sont maîtrisés par une grande diversification (il suffit de regarder mon portefeuille!), et des critères de sélection des actions visant à minimiser (et pas à supprimer) le risque de perte en capital et de coupe du dividende.
Attention en effet à toujours intégrer le risque à l’évaluation de votre performance.
Certes 11% est bien supérieur aux rendements actuels des livrets ( moins de 1%) ou à l’assurance vie en euros ( 3%) MAIS les livrets et les fonds en Euros sont garantis en capital! Comparer les rendements de placements avec des risques différents revient à comparer des pommes et des poires.
Et vous quelle est votre performance? comment la calculez-vous?
Merci Philippe pour cet article très clair.
De mon côté, je vais peut-être plus loin que toi puisque je ne calcule pas ma performance ! Mon objectif est seulement de générer des revenus passifs. Mon portefeuille est le « carburant » de cet objectif. Il ne sert à rien d’autre.
Après, je compare mon portefeuille boursier par rapport à 6 indices. Quand je suis en phase de réinvestissements des dividendes, je compare toujours avec l’indice dividendes réinvestis (comme le CAC 40 GR).
Bertrand
Je ne l’ai calculé que parce qu’on me l’a demandé :-)!
Je suis d’accord avec toi, le capital n’est là que pour générer un flux de revenu.
Pour les indices, le CAC GR n’est pas adapté pour moi, car j’ai une majorité d’actions non-françaises. Donc me comparer au CAC GR n’a pas de sens (déjà que me comparer à un indice n’en n’a pas beaucoup pour moi 🙂 …)
Merci pour votre article.
Je profite de ce commentaire pour vous remercier du travail que vous effectuez sur votre site.
Vos articles sont toujours très clairs et vous diffusez bénévolement votre portefeuille avec une stratégie gagnante sans pour autant masquer les eventuelles pertes.
Un exemple dans le domaine !
En espérant vous voir continuer longtemps.
Thibaut
Merci Thibaut!
Pour la stratégie gagnante, j’en suis convaincu, mais on ne pourra réellement juger que dans une dizaine d’années :-)!
D’ici là, je compte bien être financièrement indépendant!